Poètes d’argile et d’os

 

 

Les poètes d’avenir sont assis au bord de la lune
les poètes en devenir sont debout au milieu des dunes
le mot est un grain de sable parmi d’autres
la poésie est un désert dans le creux d’une main
les yeux du sage aveugle voient dans le grain de la peau
mille vies à raconter sur la blancheur d’une page

Ainsi va la pulsation du poème
ainsi pulsent les artères du verbe que l’on aime
le cœur du poème bat si fort
et malgré les bouts d’âmes qui parfois se brisent
les mots lointains se rapprochent dans la brise
quand vient la pluie le ciel nous offre sa poésie
chaque goutte de pluie s’imprègne sur le bitume
chaque lutte gagnée depuis règne sur l’enclume

Les poètes mystérieux n’oublient pas l’ombre de nos corps
et voient dans celle-ci un passage vers la connaissance
ce n’est pas la transmutation alchimique en or
mais plutôt la recette de la vraie richesse
ce qui naît dans le secret de l’amour éternel
ce qui croît dans le jardin secret des amours maternels

Les poètes universels sont pétris d’argile et d’os
voyageant dans l’espace et le temps
grillons célestes face à la mer
chantant toutes les variations de l’humanité

Les poètes antiques parfois s’essoufflent
à raconter tant de gestes
Ils inspirent sans inspiration trompeuse
soufflent sur les cendres de nos ancêtres
et c’est alors en nous qu’ils insufflent l’imparable désir d’être
déchirant le voile de notre mémoire par des souvenirs en tornade

Les poètes amoureux sont vous et moi
Ils ne sont pas maudits
mais transforment les mots dits en matière vivante
les poètes amoureux sont vous et moi
ils ont droit à la souffrance et au bonheur
ce sont des phares dans la nuit
des phares dans la tempête
diseurs de mots anonymes
cachés derrière les collines
dans le souffle du Mistral
à l’ombre d’une terrasse
au coin d’une ruelle de Tombouctou
ou derrière toi dans le métro
les poètes amoureux sont vous et moi

Le conteur a toute conscience de son passé antérieur
de ce qu’il n’a pas vécu dans une une autre existence
Il a en lui l’humilité en entendant le tonnerre
quand la matière prend consistance et se transforme
il a en lui l’humidité de l’air après la tempête
le troubadour ne lit pas toute la Poétique
les poèmes ne lisent pas tous les poètes
les poèmes vivent au-delà de la poésie

Voici le temps des poètes nomades qui habitent le pays de l’exil
malgré tout passeurs d’espoirs avec le cœur rempli d’espérance
à voguer dans l’écume vers des rivages fantômes
la tente sous les étoiles à sauter d’île en île
à refaire tous les jours un nouveau monde
c’est l’attente sous le ciel orageux
les yeux sur la mappemonde mentale

Les scribes du futurs sculptent déjà un avenir dans les yeux des nuages
les mots qui s’écrivent en ce moment même sur le papier arc-en-ciel
c’est à vous de décider des couleurs et de raconter
les émois qui se vivent dans la vie d’un architecte de la page
c’est à vous de dessiner sur la page blanche
d’être et de naître à chaque mot lancé dans le désert
d’être un être d’argile et d’os
ouvrir les yeux et regarder le ciel après la pluie
sentir les effluves disséminées le long des fleuves
au fond de la terre et des pensées éphémères
vous trouverez le cœur en or de tous les poèmes
là où sommeille l’univers entier des anges-poètes

Tous les poètes sont assis au bord de la lune
et vous en faites partie

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