
des poètes en cavale
dans le mouvement du vent
et la poésie détale
le long des chemins secrets
des poèmes poussiéreux
cachés au fond d’une malle
qui dévoilent sans façon
les frémissements de l’âme
les poètes vagabonds
pour eux
le monde est un jardin
d’enfants
aussi un jeu d’échec
ils jouent
inventent
la matière en suspens
avancent les pions
sur les cases
les poètes sont les fous
du roi
mais attention à ceux qui hurlent
au fou !
car qui est le plus fou des deux
le fou ou celui qui le crie
sous les toits et les chaumières
l’on sait de source sûre
que le poète est roi en son royaume
et que la folie est un art à part entière
des poètes en cavale
dans un monde en sursis
troubadours solitaires
au charme vagabond
refaisant le monde
au fond d’une bouteille
d’un vin fort de Corbières
assis dans un radeau
glissant sur le nectar
ils s’enivrent de mots
et se demandent
ce qui les amène ici
ou est-ce nulle part ?
le cul d’une bouteille
comment y sont-ils entrés ?
mais il fait chaud
la vie est belle
de l’intérieur
ils voient le monde
observent de leurs yeux
les éléments cosmiques
que d’autres ne voient pas
ils sont comme les marins
d’un bateau miniature
à l’intérieur d’une bordelaise
d’un bon vieux Single Malt
des guerriers poètes
qui se battent
contre le sursis de la poésie
des non poètes qui font de la poésie
ou des poètes auto proclamés
qui font de la non poésie
tout est possible aujourd’hui
dans ce monde postmoderne
et même
des poètes qui dessinent des poèmes
des non peintres alors ?
et les pouets pouets maudits
et les fous de la rime
les disciples de la métrique
les ayatollahs de la prose
ayurvédique
ou de l’arithmétique
peu importe la versification
y’en a marre des malédictions
alors des non poètes
des apoèmes
et de l’apoésie
transformons tout cela en discipline
car il y a l’art et la manière
après hibernation
de sortir de sa tanière
pour se mettre à voguer
sur le devant de la Seine
être un poète
et développer le soi
pour les autres
être
un sublime rastaquouère
des mots
franc et honnête
plutôt qu’un égopoète
qui ne parle parfois
qu’à
demi
mot
cachant bien fort
sous son aisselle en sueur
un solide nœud de vipères
nul besoin de comprendre un poème
pour en goûter la sève
parfois la musicalité parle
et nous absorbe
“Wenn ich in deine Augen seh,
So schwindet all mein Leid und Weh”
nous sommes tous les enfants
d’un monde spirituel
et les compagnons d’un long voyage
cette errance indomptable
au cœur sauvage
parmi les mythes improbables
de la Légende des Siècles